Accueil Culture Démarrage de la première édition du festival « Les écrans de Hammamet »: Des veillées cinématographiques en plein air

Démarrage de la première édition du festival « Les écrans de Hammamet »: Des veillées cinématographiques en plein air

Le Centre culturel international de Hammamet, plus connu sous le nom de Dar Sébastien, accueille actuellement la première édition des veillées cinématographiques intitulées «Les écrans de Hammamet ».  Cette manifestation culturelle ambitionne, selon M. Noomane Habassi, chargé de la direction du Centre national du cinéma et de l’image (Cnci), «d’intégrer les initiatives cinématographiques dans l’écosystème des grands festivals d’été».


Du 5 au 11 août, les amateurs du 7e art pourront se rendre au théâtre de plein air et assister gratuitement à la projection de 3 courts métrages et un long métrage par soirée, en présence d’acteurs et de réalisateurs. A travers leurs créations artistiques, ces cinéastes ont essayé de faire passer leurs messages, le temps d’un film, et en discutent avec le public présent. Un autre objectif majeur du festival est de découvrir de jeunes réalisateurs en devenir, de les aider à créer des opportunités et de leur donner de la visibilité.

Les « mobile movies », un concept émergent

C’est le célèbre réalisateur tunisien Brahim Letaïef qui est derrière l’idée de cette manifestation culturelle dont il est le directeur artistique. Avant la projection, il a expliqué au public le principe de ce festival lancé à l’occasion du 60e anniversaire de la fondation du Festival et du Théâtre de plein air de Hammamet et qui souhaite rompre avec l’idée que « Le cinéma est le parent pauvre des festivals d’été »,

Concernant les mobile movies, le principe est simple et « presque » accessible à tous : tourner un film de deux à cinq minutes avec un téléphone portable. Un défi qui a séduit des étudiants en cinéma mais aussi de simples amoureux du 7e art, comme il permet de supprimer beaucoup de contraintes budgétaires.

Le téléphone possède, toujours selon Brahim Ltaïef, «  toutes les possibilités qu’offre une caméra normale ». Pour cette première édition, le festival a choisi comme thème « une expérience humaine rattachée aux coulisses du Festival international de Hammamet ». Ce sujet a inspiré de nombreux jeunes talents. Huit finalistes retenus  ont soumis au concours des courts-métrages de 2 à 5 minutes tournés avec des téléphones portables. L’appareil utilisé est indiqué au générique. Au bout de 2 mois de résidence artistique, les réalisateurs en herbe sont prêts à présenter leurs créations dans le cadre d’une compétition.

Trois prix seront décernés aux lauréats élus par le vote des spectateurs et le jury présidé par la grande réalisatrice Salma Baccar, avec les deux jeunes réalisatrices Emna Najar et Sahar Echi. D’ailleurs, elle a rejoint Brahim Letaïef pour la présentation de l’événement, incitant les jeunes talents à être « patients avec beaucoup de passion ». Lors de cette première soirée, nous avons pu assister à la projection de deux mobile movies. Chaque réalisateur a eu sa vision du thème de la compétition et le public a été saisi par la qualité des films réalisés par des « simples » téléphones. Une manière pour les jeunes de s’emparer d’un moyen d’expression très accessible pour finalement reprendre la parole sur des sujets d’actualité.

«Champ contre champ», de la bachelière Nermine Ben Hmida,  revient sur « Othello et après », qui a marqué cette année l’ouverture du Festival International de Hammamet. Cette même pièce théâtrale de  Hamadi Louhaibi a été jouée en 1964. L’actrice Mouna Noureddine a été bien présente dans les deux versions. Le mobile film décrit alors son émotion en voyant Ibaa Hamli reprendre le même rôle qu’elle a incarné quelques décennies auparavant. Le deuxième mobile movie est de Hazem Fnina, fraîchement diplômé de l’Institut Supérieur d’Art dramatique. Intitulé « Deadline », on y voit un participant à la compétition qui s’apprête à remplir  le formulaire, peu de temps avant le deadline. En quelques minutes, il a su  transmettre en sons et en images ses attentes, ses rêves et ses tourmentes, le tout avec beaucoup d’humour.

Les jeunes réalisateurs ont été invités sur scène pour étayer davantage leur aventure artistique collective unique en son genre qui leur a permis d’intégrer en douceur le monde professionnel du cinéma.

Des rétrospectives pour la suite

La soirée s’est poursuivie avec un court et un long métrage présentés dans le cadre de rétrospectives pour honorer les réalisateurs qui ont marqué l’histoire du cinéma. Au programme, c’étaient  « Casting pour un mariage » de Fares Nanaa et « El Jaida » de Salma Baccar.

Ces projections ont été un moyen de découvrir ou redécouvrir ces œuvres et de rencontrer les cinéastes passionnés qui partagent leur vision du monde. Sorti en 2004, « Casting pour un mariage » raconte en 20 minutes environ les mésaventures de Sami qui se lance à la recherche de la femme de sa vie, suite à l’insistance de sa maman. De Kenza la fashion-addict à Alya la féministe, en passant par Ghalia la matérialiste adepte des soirées jusqu’à l’aube et  Mouna la vieille connaissance qui semble être le profil idéal sauf qu’elle s’apprête à fêter ses fiançailles, ces profils se veulent une critique de la société tunisienne et restent toujours valables, 20 ans après la sortie du film. « El Jaida » de Salma Baccar retrace une histoire qui remonte aux années 50, peu avant l’indépendance. Il lève le voile sur les conditions des résidentes de Dar Joued, une institution créée pour châtier les femmes insoumises et qui a disparu avec l’abolition du tribunal religieux. De l’humour aux émotions fortes, le programme était conçu pour satisfaire tous les goûts et toutes les sensibilités. Salma Baccar était assise au milieu du public, un châle sur les épaules.

Ferid Boughdir et l’actrice Jamila Chihi ont également assisté à l’événement.  Un débat enrichissant a eu lieu après la projection du film et les spectateurs ont pu savourer des instants riches en émotions et en réflexions.

Charger plus d'articles
Charger plus par Amal BOU OUNI
Charger plus dans Culture

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *